27 Septembre 2023
Afin de contourner la modération sur les réseaux sociaux, les internautes ont inventé un nouveau langage codé : l’algospeak, issu de la contraction d’algorithme et de speak (parler en anglais). Un phénomène qui interroge sur la liberté d’expression sur les réseaux sociaux mais aussi l’efficacité réelle des algorithmes de modération pour protéger les plus jeunes utilisateurs.
Qu’est-ce que l’algospeak ?
Seggs, depre$$ion, v10lence… Il ne s’agit pas d'erreurs ou de fautes d’orthographe mais bien d’algospeak, un langage crypté utilisé par les internautes sur les réseaux sociaux.
Le phénomène s’est développé sur TikTok où l’algorithme de modération est le plus sévère. Sur ce réseau social très prisé des jeunes ados, il est ainsi interdit de parler d’homophobie, de LGBTQ+, des règles ou encore de dépression. Pour parler librement, les internautes ont donc créé leur propre langage pour tromper les algorithmes de censure. Le succès de ce langage s’explique ainsi par le besoin de parler sérieusement de certains sujets devenus tabous sur les réseaux sociaux.
Pour les influenceurs, l’enjeu est différent. Il s'agit de contourner la modération pour ne pas perdre des revenus quand certains mots-clés sont moins bien référencés par le réseau social.
Pour créer des termes algospeak, il y a plusieurs méthodes : remplacer un mot par un émoji, changer une lettre par un symbole ou encore écrire volontairement avec une faute d’orthographe.
Faut-il s’en inquiéter ?
Si le phénomène de contournement de la modération n’est pas nouveau, il a pris une nouvelle ampleur avec l’arrivée de la modération de masse par l’intelligence artificielle. Celle-ci, bien que de plus en plus performante, ne maîtrise pas les subtilités du langage humain et se contente de bannir les publications et les comptes qui utilisent des mots appartenant à une liste noire. Finalement, l’ampleur de l’algospeak est révélateur de la difficulté de modérer les réseaux sociaux aujourd’hui. Or, la modération est la clé pour lutter contre le cyber-harcèlement et la désinformation.
Ainsi, les plus jeunes utilisateurs peuvent se retrouver exposés à des contenus inappropriés passés sous les radars de la modération automatique ainsi que du contrôle parental installé dans les appareils numériques.
C’est le cas principalement sur TikTok, dont 72% des utilisateurs en France ont moins de 24 ans, où le flux For You ne permet pas de choisir les contenus qui apparaissent mais sont proposés par des algorithmes de recommandation aux Tiktokeurs, notamment en fonction de leur viralité.
Dans ce contexte, il est plus que recommandé de ne pas laisser seul son enfant sur les écrans et de garder un œil sur ce que son enfant consulte sur les plateformes.