12 Février 2024
Depuis la rentrée de septembre 2023, le gouvernement a annoncé un plan interministériel de la maternelle au lycée pour lutter contre le harcèlement scolaire, après le suicide de plusieurs adolescents harcelés. Ce plan, axé sur la prévention, la détection et la mise en place de solutions, est entré en vigueur au mois de janvier 2024.
Lors de la rentrée scolaire de septembre 2023, Élisabeth Borne, ancienne Première ministre, et Gabriel Attal, ancien ministre de l’Éducation nationale et de la jeunesse, ont présenté un plan interministériel de lutte contre le harcèlement scolaire. Ce plan concerne tous les élèves de la maternelle au lycée et fait suite aux suicides de plusieurs adolescents : Lucas 13 ans, en janvier 2023 ; Lindsay 15 ans, en mai 2023 ; et Nicolas 15 ans, en septembre 2023. Ces adolescents étaient tous les trois victimes de harcèlement scolaire.
Voici quelques unes des principales mesures annoncées :
• L’ensemble du personnel scolaire sera formé d’ici 2027 concernant la prise en charge du harcèlement scolaire.
• La journée du 9 novembre (journée nationale de lutte contre le harcèlement) comporte désormais deux heures dédiées à la question du harcèlement ainsi qu’à la réalisation d’une grille d’auto-évaluation anonyme pour recueillir la parole des élèves et repérer les premiers signes de harcèlement comme l’isolement ou les moqueries.
• Des mesures judiciaires rapides sont mises en place dès qu’un harceleur est identifié comme la confiscation du téléphone portable, ou par exemple la mise en place de sanctions pénales graduelles en fonction de la gravité des faits. Les harceleurs peuvent également être bannis de certains réseaux sociaux en cas de cyber-harcèlement.
• Les parents et les élèves sont également sensibilisés autour du numérique et du cyber-harcèlement.
Des cours d’empathie
La mise en place de cours d’empathie pour sensibiliser les enfants à la question du harcèlement est prévue dans toutes les écoles pour la rentrée de septembre 2024. Ces cours devraient être testés dès la rentrée de janvier 2024 dans plus d’un millier d'écoles maternelles et élémentaires. Ils seront dispensés par les professeurs qui auraient été formés lors du mois de décembre.
Inspirés du modèle danois, ces cours permettent aux enfants de se mettre à la place des autres, de mieux vivre ensemble, mais aussi de favoriser l’inclusivité scolaire et sociale et la bienveillance entre les enfants.
Dans ces cours, on utilise « l’ami ours », une peluche à qui on peut se confier, ainsi qu’une fiche représentant différentes émotions pour apprendre à comprendre les émotions des autres et les siennes. Lorsque l’on reconnaît ou que l’on vit une émotion négative, le but n’est pas de désigner de coupable mais de trouver ensemble une solution face à cette émotion. Grâce à cela, tous les enfants d’une même classe sont impliqués dans chaque situation exprimée et peuvent entendre les réactions suscitées par leurs actions.
Les compétences psychosociales développées dans ces cours d’empathie, telles que l’estime de soi ou la connaissance de ses émotions, permettraient de lutter contre le harcèlement en développant des valeurs de tolérance et d’écoute.
Le ministère aurait fourni aux écoles participantes une trentaine de séances comportant un déroulé du cours, des indications pour le professeur ainsi que des documents à utiliser pour les élèves. Ces séances s’adaptent en fonction des niveaux et travaillent différentes compétences psychosociales. Elles ont été conçues avec l’aide de chercheurs en psychologie.
Ces cours auraient lieu une à deux fois par semaine dans différentes écoles. Si une école pilote par département était initialement prévue, c’est actuellement plus de 1000 écoles qui sont concernées. Ces cours étaient également déjà testés dans plusieurs écoles maternelles du 18e arrondissement de Paris depuis 2022. Ils concernent tous les acteurs de l’école. Un bilan sur l’efficacité de ces cours est prévu au cours de l’année scolaire.
À savoir :
• Le harcèlement scolaire est défini par des actes de violence répétés, continus, sur une longue période, par une personne ou un groupe de personnes à l’égard d’une autre.
• Le cyber-harcèlement concerne ces mêmes types de violences, mais en ligne. Par exemple, il peut s’agir de photo-montages injurieux, d’insultes en ligne ou encore de la diffusion de contenu concernant la victime sans son accord. Lorsqu'il est associé à du harcèlement scolaire, il est généralement dans la continuité de ce que subit l’enfant ou l’adolescent dans le milieu scolaire. De ce fait, la victime de harcèlement subit des violences permanentes, même quand elle est éloignée du cadre scolaire.
• Tous les acteurs du harcèlement (harceleur, harcelé et témoin) s’exposent à des conséquences sur la santé à court, moyen et long terme. En effet, il y a des conséquences psychologiques et sociales autant sur la victime que sur le harceleur.
Pour aller plus loin :
• Stop au harcèlement à l’école
• Rentrée 2023, de nouvelles mesures contre le harcèlement à l’école
• La grille d’auto-évaluation
• Reportage sur les cours d’empathie dans une école parisienne