LE LABO DES IMAGES

L’utilisation des écrans en classe : gadget ou réel outil pédagogique ?

L’utilisation des écrans en classe : gadget ou réel outil pédagogique ?

Depuis plusieurs années déjà, l’utilisation d’écrans à l’école est monnaie courante pour certains établissements. Là où les salles informatiques au collège ou les tableaux numériques en primaire font globalement consensus, ce n’est pas toujours le cas de l’introduction de tablettes numériques dès la maternelle, ou d’ordinateurs portables individuels à l’école primaire.
Entre bons et mauvais côtés, faisons le point sur ces nouveaux outils soumis à controverse.


Depuis quand trouve-t-on des écrans à l’école ?

Les écrans à l’école ne datent pas d’hier. Les années 1990 ont vu apparaître les salles informatiques dans les collèges et lycées, ensuite les années 2000 ont introduit les tableaux blancs interactifs (dits TBI), et enfin les tablettes numériques dès 2010. S’il fallait trouver un point de départ à la démocratisation massive des tablettes dans les écoles, cela pourrait être l’année 2015 avec le lancement du « plan numérique », concernant près d’un quart des collèges de France et qui a équipé de tablettes approximativement 175 000 élèves. Ce plan avait trois objectifs simples : financer et équiper les établissements en ordinateurs et tablettes, former les enseignants au numérique, et développer les ressources pédagogiques disponibles en ligne.

« Le numérique n’éloigne pas des apprentissages fondamentaux. Mais, en étant plus ludique, il répond à un besoin de manipuler davantage et donner du sens aux apprentissages ».
Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre de l’Éducation en charge du plan numérique


Des avantages indéniables

On peut trouver de nombreux bons points à une utilisation des écrans en classe. En premier lieu l’aspect ludique et motivant pour un élève, à qui la tablette semblera sûrement plus intéressante qu’une feuille de papier. À l’école, l’enfant n’est pas passif devant l’écran, mais est bien actif dans l’apprentissage et acquiert des compétences qu’il aurait peut-être eu davantage de difficultés à maîtriser sans l’écran. L’idée est aussi de rejoindre l’enfant dans une réalité qui lui est familière, celle du numérique, et d’adapter les méthodes d’apprentissages aux centres d’intérêts des élèves, en sortant du moule scolaire classique.

Un autre avantage indéniable est l’acquisition d’une maîtrise de l’outil numérique par l’élève. L’écran et Internet sont de plus en plus présents dans notre société, si bien qu’il est dorénavant impossible de s’en passer : le rôle de l’école doit aussi être de garantir à l’élève une maîtrise de ces outils indispensables qu’il sera amené à réutiliser toute sa vie. Utiliser les écrans à l’école, c’est aussi introduire dès le départ les consignes de bonne utilisation d’un écran : instaurer des temps de pause, rester prudent sur Internet, toutes ces informations essentielles vont passer par le cadre scolaire, voir devenir des habitudes pour les plus jeunes.

Les avantages se font aussi du côté des enseignants : cela peut leur éviter de perdre du temps dans la manipulation de documents, ou leur donne accès à une toute autre manière de faire cours grâce à l’utilisation d’outils numériques innovants, ou de ressources disponibles de manière illimitée en ligne, qui deviennent soudainement faciles d’accès et d’utilisation pour une classe entière.


Des inconvénients malgré tout

En 2011, le New York Times révéla une information dans une enquête que l’on entend encore souvent aujourd’hui : les cadres d’Apple, Google, Yahoo et d’autres mastodontes du numérique enverraient leurs enfants dans des écoles sans écrans. De quoi s'inquiéter, en partant du principe que ces mêmes cadres maîtrisent tout particulièrement ce sujet.
Le point négatif le plus évident est bien l’accroissement du temps consacré à l’écran. Ce temps est déjà particulièrement important chez certains, et on sait les effets négatifs d’un abus de l’écran sur la santé et le développement de l’enfant. L’école reste, pour un certain nombre d’enfants, un des rares temps de la journée encore préservé de l’omniprésence des écrans, qu’il peut être important de conserver.  

L’écran n’est pas la solution magique à l’apprentissage qu’il suffirait de placer entre les mains des élèves pour leur permettre de mieux réussir à l’école. De nombreuses études démontrent l’importance de l’interaction humaine dans le processus d’apprentissage, et cela particulièrement dans le cadre de l’enseignement à l’école : un professeur ne pourra jamais être remplacé par une vidéo sur tablette.

Un autre inconvénient indéniable est le coût de l’équipement numérique. En 2015, lors du lancement du plan numérique et de l’arrivée massive des premières tablettes à l’école, c’était déjà 1 milliard d’euros qui étaient dédiés à ce projet. Pour la simple année 2019, c’est 5 milliards qui ont été dépensés en tout. Dans un contexte où l'enseignement est fréquemment en manque de moyens, il peut être bon de se questionner sur la pertinence d’un tel investissement.


L’ESSENTIEL :
• Les écrans s’ancrent de plus en plus dans le milieu scolaire.
• Ils peuvent être une source de motivation pour des élèves en risque de décrochage scolaire et une nouvelle façon d’aborder l’enseignement pour les professeurs, avec une infinité de possibilités via des ressources en ligne, applications, vidéos, etc.
• Cela augmente d’autant plus le temps alloué à l’écran dans le quotidien d’un enfant, déjà très élevé pour certains.

En définitive, il est important de garder en tête que l’écran à l’école n’est qu’un outil, et que comme tout outil, il peut être bien comme mal utilisé.

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