LE LABO DES IMAGES

Peut-on aller vers une IA plus verte et durable ?

Peut-on aller vers une IA plus verte et durable ?

L’Intelligence Artificielle (IA) est devenue presque irremplaçable dans notre quotidien ces dernières années. Algorithmes de suggestions sur les réseaux, GPS, logiciels divers, sans oublier les célèbres IA génératives de textes ou d’images dont on ne cesse de mettre en avant les performances. Un sujet moins discuté mais tout aussi central : l’impact écologique de ces innovations, toujours plus gourmandes en énergies. La pollution générée par l’IA commence néanmoins à alarmer. Peut-on imaginer aller vers une IA plus durable ?


Quel est l’impact des IA sur l’environnement ?

Dans son fonctionnement, l’IA reste un programme informatique, et a donc les mêmes besoins et impacts sur l’environnement que les autres :  consommation d’eau et augmentation des gaz à effets de serre dues au refroidissement des serveurs, consommation d’électricité, etc. Ce qui est nouveau, en revanche, ce sont les proportions inédites que prennent ces consommations, dues à l'ampleur et l’essor fulgurant de l’IA ces dernières années. 
Si l’on prend l’exemple de Google, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 48% sur les 5 années passées. Augmentation jamais vue auparavant, et imprévue par le géant américain qui, 5 années auparavant, s’engageait sur le développement durable : « passer d'ici 2030 à une énergie décarbonée pour nos activités, 24 heures sur 24, 7 jours par semaine et 365 jours par an » pouvait-on lire dans le rapport environnemental de Google 2020. Le géant de la tech a-t-il été trop prétentieux dans son engagement ? En 2023, Google lance son propre système d’IA générative, Gemini, et reconnaît par la même occasion que les besoins en calculs informatiques de l’IA compliquent ses engagements de durabilité : « À mesure que nous intégrons l'IA dans nos produits, la réduction des émissions pourrait s'avérer difficile » lit-on dans le rapport environnemental annuel de Google 2023.
> Lien vers le rapport
 

Comment chacun peut réduire l’impact environnemental de son utilisation ?

La première manière de réduire cette pollution, c’est naturellement d’en réduire son utilisation. Il est difficile d’estimer la pollution dégagée par une requête sur un modèle d’IA tel que ChatGPT, au regard du grand nombre de facteurs et variables à prendre en compte. La plupart des sources s’accordent à dire qu’une question posée à Chat GPT polluerait 10 à 15 fois plus qu’une recherche Google. Bien que ce chiffre soit à prendre avec des pincettes, l’essentiel est bien de réaliser l’impact démesuré qu’à l’IA sur l'environnement.   

En règle générale, il n’est pas possible pour un utilisateur d’avoir une utilisation verte de l’IA aujourd’hui. Son fonctionnement, tel que pensé et mis en place par les grandes entreprises de la tech, nécessite de façon indispensable d’importantes émissions de gaz à effet de serre. Afin d'espérer pouvoir utiliser une IA plus verte à l’avenir, il faudra attendre de pouvoir se tourner vers des modèles d’IA éco-construits, ce qui n’existe pour l’instant pas encore.


Repenser l’IA à la racine ?

L’éco-conception est le fait de penser un produit en minimisant dès le départ ses coûts énergétiques et matériels. Dans le cas de l’IA, il reste très difficile de prendre ces considérations écologiques en compte dans sa conception, la majorité des problèmes étant liés à son fonctionnement de façon indissociable. Concrètement, l’éco-conception de l’IA signifierait d’entraîner des modèles plus petits, utiliser des données plus ciblées, ou encore réduire le nombre de paramètres sans sacrifier les performances. Cette IA verte, qui n’existe pas encore, porte un nom : l’IA frugale. Bien que nous commencions à en entendre parler, cela n’est encore qu’utopique pour beaucoup d’entreprises, préférant aujourd’hui se lancer dans la course au modèle le plus performant, rapide, sans prendre en compte les considérations écologiques et environnementales.

C’est dans cette optique d’encourager l’éco-conception de l’IA que le Ministère de la transition écologique a publié une feuille de route IA et transition écologique en 2021, puis mise à jour en novembre 2023. Ce document s’adresse à la fois aux acteurs et chercheurs du domaine de l’IA, aux entreprises, mais aussi aux collectivités territoriales susceptibles de financer des projets en lien avec l’IA, et fournit des recommandations pour accompagner le développement, encore minime, d’une IA éco-responsable.
Paru en 2021 dans sa première version, il est aujourd’hui encore trop tôt pour entrevoir les fruits portés par ces premières initiatives de recherche autour d’une IA plus verte. 
> Feuille de route : IA et transition écologique


L’ESSENTIEL : 
• L’Intelligence Artificielle a un fort impact sur l’environnement, son fonctionnement consommant aujourd’hui beaucoup d’énergies et produisant beaucoup de CO2.
• Si tout un chacun peut participer à moins polluer en utilisant moins l’IA, nos moyens d’agir en tant qu’utilisateurs sont réduits.
• Des façons de repenser l’IA de manière plus durable se construisent lentement, et de manière encore marginales.

 

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