LE LABO DES IMAGES

Comment sont fabriqués nos smartphones ?

Comment sont fabriqués nos smartphones ?

En 2022, 87% des français possèdent leur propre smartphone. Ce compagnon hégémonique est devenu presque indispensable aujourd’hui et tend de plus en plus à devenir un simple bien de consommation. Un smartphone est, en effet, en moyenne changé tous les deux ans, et cela malgré son bon fonctionnement dans presque 90% des cas ! Face à cette accélération du renouvellement, il peut-être bon de regarder comment sont fabriqués ces objets technologiques devenus si communs.


De quoi a-t-on besoin pour fabriquer un smartphone ?

Plus de 70 matériaux différents entrent dans sa composition, dont de nombreux assez communs comme du plastique (à 30%), des métaux tels que du cuivre, de l’aluminium, du zinc, etc (à 40%), ou du verre (à 10%). Cependant, on trouve aussi des matériaux plus rares en petite quantité, comme des minerais précieux, or, platine, ou du cobalt, lithium, coltan… Ces matériaux, surnommés les « minerais du sang », sont à l’origine de nombreux conflits armés dans différents pays, tant l’enjeu économique est important. Voici des exemples : 

En République Démocratique du Congo (RDC), on trouve 70% de l’extraction de cobalt au monde. Élément indispensable à la fabrication de batteries, c’est plus de 40 000 enfants qui travailleraient dans les mines chaque jour afin d’accéder aux plus petites galeries. Il y a deux types d’exploitation de minerais en RDC : les mines légales et clandestines. Les premières, propriétés de grands groupes étrangers, emploient des ouvriers à 2$/jour dans des conditions à peine imaginables. Les secondes sont gérées par des groupes de contrebande, et servent à financer les mouvements armés notamment dans l’Est du pays.
En Amérique du Sud, on trouve le « triangle du lithium », qui relie la Bolivie, le Chili et l’Argentine, abritant la plus grande concentration au monde de ce minerai surnommé « l’or blanc ». La production de lithium ne se fait pas dans des mines, mais par l’évaporation d’eau dans de larges bassines, particulièrement énergivores avec un fort besoin en eau. Cela impacte directement les populations locales, s'organisant en mouvement de protestation contre cette exploitation aggravant les sécheresses locales.
• En Indonésie, l’île de Bangka concentre la plus grande réserve au monde de cassitérite (étain qui permet les soudures et donc l’assemblage des composants), pour une île à peine plus grande que la Corse. À ce jour, 65% des forêts et 70% des récifs coralliens ont été détruits dans l’exploitation du minerai, laissant place à des cratères de la taille d’un terrain de foot, provoquant le départ forcé des locaux vers d’autres îles de l’archipel.

De manière générale, les matières premières indispensables à la fabrication de nos smartphones reposent sur des exploitations créant de graves conflits dans certaines parties du monde, tant d’un point de vue social, éthique, qu’environnemental. Les populations locales se voient dépossédées de leurs terres par de grands groupes industriels, tels que les groupes Bolloré, LG ou Mitsubishi pour le lithium en Argentine par exemple.


Comment est-il fabriqué ?

Une fois les matériaux récupérés, la fabrication peut commencer dans plusieurs endroits du monde simultanément. En effet, les différentes parties de votre smartphone ne sont pas conçues au même endroit : mémoire, batterie, caméra, écran, capteurs, microphone… sont des pièces complexes et réclament un savoir-faire de fabrication, principalement partagées entre des usines américaines, européennes et asiatiques. Chaque constructeur se gardant bien de spécifier le processus de fabrication et l’origine des différentes pièces de ses modèles. L’assemblage ne demande pas autant de savoir-faire technologique, et est souvent relégué à des usines d’Asie du Sud-Est, vietnamiennes ou philippines. La distribution vers le reste du monde se fait bien souvent en avion, puis en poids-lourds. Ainsi, de l’extraction des matériaux à son arrivée en boutique, un smartphone aura parcouru 3 à 4 fois le tour du monde, passant de pays en pays, de continent en continent, expliquant ainsi en quoi la fabrication d’un smartphone pollue bien plus que son utilisation par la suite. Pointé du doigt par de nombreux écologistes, le smartphone pose un vrai problème environnemental de sa conception à la fin de sa vie. Il est un produit à l'espérance de vie plutôt courte comparé à son coût écologique et social : 2,5 années en moyenne. 

L’obsolescence programmée par les mises à jour système toujours plus gourmandes en mémoire et puissance, ajoutée à la sortie constante de nouveaux modèles plus performants et à la mode pousse les usagers à changer de portable régulièrement, avant que cela ne soit réellement nécessaire. 


Ne plus acheter de smartphones neufs ?

Si votre smartphone tombe en panne dans les 2 années après l’achat, sachez qu’il est encore soumis à la garantie légale européenne, et cela pour tous les constructeurs. Si l’acquisition d’un nouveau smartphone reste quelque chose d’indispensable pour vous, suite à une casse ou un vol par exemple, nous vous conseillons bien davantage un modèle reconditionné, afin d’éviter de nouveaux tours du monde. Il existe des sites principalement dédiés à la vente d’appareils électroniques reconditionnés, tels que BackMarket ou Rebuy, mais il s’agit aussi d’un service que propose plusieurs grandes enseignes de distribution, tels que Darty ou Boulanger.


Et le recyclage ?

Recycler un smartphone présente beaucoup d’avantages, mais est malheureusement aujourd'hui très peu réalisé. Guillaume Pitron, spécialiste de la géopolitique des matières premières et auteur du livre La Guerre des métaux rares, déclare au sujet du recyclage des smartphones : « Ce n’est pas évident d’aller extraire des métaux dispersés par milligrammes dans des milliards d’objets, sous forme d’alliages complexes. Techniquement, on sait le faire mais on ne veut pas le faire : c’est plus coûteux, aujourd’hui, que d’aller chercher des matières premières directement dans le sol, à la mine ». Une problématique qui tend à s’intensifier dans le temps, le marché du smartphone étant passé de 305 millions d’unités vendues en 2010, à 1,4 milliards par an de 2015 à nos jours.
En France, plusieurs organismes sont cependant habilités à récupérer votre ancien smartphone inutilisable. Parmi les plus célèbres, citons Les Ateliers du Bocage, coopérative d’économie sociale et solidaire, membre du réseau Emmaüs. Avec un service d’envoi gratuit de votre vieux smartphone par la poste, vous garantissez qu’il sera bien recyclé, en plus de faire un geste écologique et solidaire. 


L’ESSENTIEL : 
• Le smartphone est un objet aujourd’hui assez commun, mais au coût environnemental considérable.
• Sa fabrication pose des problèmes écologiques, sociaux et éthiques dans divers autres pays, en plus d’être aujourd’hui un objet trop peu recyclé.
• Source principale pour cet article : dossier de l’ADEME en libre lecture

Partager cet article

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :