12 Novembre 2024
Sur l’année 2018, environ 80% du flux mondial de données via internet correspondait à de la vidéo. Loin, très loin devant le partage de texte (mails, sites, messageries…) ou le partage d’image (photos, réseaux sociaux…). En étant le plus échangé, il s’agit également de l’usage le plus polluant : 20% des émissions de gaz à effet de serre dues au numérique proviennent du partage de vidéo.
De tout ce qu’il est possible de stocker et d'échanger grâce au réseau internet (images, fichiers audio, données, argent ou autre) la vidéo est un format se situant parmi les plus lourds. À titre de comparaison, 10h de film en HD représentent plus de données à stocker que l’intégralité des articles Wikipédia en langue anglaise. Ces vidéos en ligne s’échangent principalement dans l’un de ces contextes :
• Les réseaux sociaux, dont la majorité proposent du partage de vidéo de manière publique, mais aussi privée (par les échanges entre des utilisateurs), comme sur Instagram ou Twitter. Certains sont même spécialisés dans l’hébergement de vidéos courtes, comme TikTok.
• Les sites de partage de vidéo en streaming, qu’il convient de séparer des réseaux sociaux du fait de la non-nécessité d’une inscription au préalable, ce qui ne correspond pas aux mêmes usages. Citons en exemple YouTube, Dailymotion, Vimeo, mais aussi de nombreux sites pornographiques (la pornographie représentant plus de 25% du partage de vidéo en ligne, soit davantage que YouTube).
• Les services de VoD. Ou vidéo à la demande, ils proposent des vidéos longues, des épisodes de séries ou des films, en général de manière payante. Cet usage représente plus de 30% des flux de données vidéos en ligne en 2018 dans le monde.
• La vidéo « live », qui englobe beaucoup de choses différentes. Cela va des plateformes de streaming en direct comme Twitch, aux retransmissions de chaînes de télévision sur leur site, les appels ou réunions en visioconférence, tout en passant par les services de vidéo-surveillance, etc.
La vidéo pollue tant que ça ?
Connaissez-vous le site impactCo2.fr ? Mis en place par le ministère de l'environnement et l’agence de la transition écologique, le site propose différents outils dont un comparateur d’empreinte carbone, afin de mesurer l'impact de certaines pratiques numériques sur l’environnement. Ainsi, nous apprenons que 100 heures de vidéo en streaming sur YouTube équivalent à 52 km parcourus en bus-gaz de ville, mais aussi à une demi-année de chauffage électrique par mètre carré, et le remplissage d’une piscine de 8 mètres sur 4, et 2 mètres de profondeur, soit 58 000 litres d‘eau consommés.
Ici, nous mesurons avec 100 heures de vidéos en streaming depuis la France, en HD et avec une connexion Wifi. Mais cela peut monter plus haut, passez de la HD à la 4K et vous ferez plus que doubler l'empreinte carbone. Même chose en passant de la Wifi à la 4G, bien plus polluante.
Comment agir à notre échelle ?
Prendre conscience que les vidéos que nous regardons sur nos écrans ont un coût énergétique, c’est une chose. Mais que faire pour diminuer ce coût ?
Il est possible de réduire notre impact sans pour autant bouleverser nos habitudes. Pour utiliser un exemple concret : écouter de la musique sur YouTube (qu’il s’agisse d’un clip, d’une vidéo présentant les paroles, ou même d’une image fixe), cela n’a pas le même coût environnemental que d’écouter via une plateforme de streaming. La première est un flux de données audio et vidéo (même pour une image fixe), contrairement à la seconde. Dans la mesure où de nombreuses personnes se contentent du son dans cette utilisation précise de YouTube, opter pour une plateforme de streaming de type Deezer, Spotify, Apple music, Soundcloud, etc., peut être une alternative.
De la même manière, et toujours dans cette optique d’éviter les partages de vidéo en ligne non essentiels, privilégiez le partage avec une clé USB, plutôt qu’un envoi par mail, wetransfer ou n’importe quel autre outil de partage en ligne. Ensuite, ne pas oublier que la qualité de la vidéo lors du visionnage aura un impact sur l’émission carbone. Comme évoqué précédemment, passer de la HD à la 4K est du simple au double. Ainsi, baisser la qualité d’une vidéo en ligne baissera aussi l’impact de son visionnage sur l’environnement. Pour ce qui est des plateformes de VoD, plusieurs services tels que Netflix ou Amazon Prime proposent de télécharger les programmes afin de les regarder hors-connexion. En général, le téléchargement d’un fichier vidéo utilise moins de données que de le visionner en streaming.
Malgré tous ces gestes, il va de soi que le seul moyen de réduire drastiquement les émissions de Co2, est de diminuer notre consommation de vidéo en ligne. Et pour cela, ne pas se faire avoir par les plateformes qui essayeront toujours de nous garder plus longtemps. On parle alors de design addictif, par exemple la lecture automatique de vidéo avec laquelle une nouvelle vidéo se lance sitôt que la précédente se termine, mais aussi les algorithmes poussés de recommandations qui proposent toujours au spectateur un nouveau contenu qu’il aura envie de regarder ou l’envoi de notifications aux usagers pour les inciter à visionner une vidéo tout juste sortie. Ces stratégies sont mises en place de manière consciente et assumée par les plateformes de partage de vidéo, visant à diriger les comportements vers la surconsommation de vidéo.
L’ESSENTIEL :
• La consommation de vidéo en ligne est l’un des usages les plus polluants d’internet.
• Il est important d’en avoir conscience, et de connaître les gestes pouvant diminuer cet impact carbone.
• Les plateformes de vidéo ont un intérêt commercial à ce que l’on ne diminue pas notre consommation. Ne pas se faire entraîner par la surconsommation est favorable tant d’un point de vue environnemental que pour notre propre santé.