7 Février 2023
Les écrans occupent une place importante dans notre vie et dans celle de nos enfants. Il est parfois difficile de différencier un usage normal, un usage excessif et une situation de dépendance. Bien que l’utilisation d’écrans ne doit pas être diabolisée, le danger des excès ne doit pas être amoindri, car il peut avoir de réelles répercussions sur la vie sociale, la santé mentale ou physique, ou encore les résultats scolaires.
Peut-on vraiment être addict aux écrans ?
Éliminons d’emblée une idée reçue : passer 4h par jour sur votre écran, vérifier vos réseaux dès votre réveil, ou manger tous les midis devant votre écran de télévision ne fait pas de vous quelqu’un d’accro aux écrans. Passer beaucoup de temps devant un écran est l’un des critères pouvant alerter, mais demeure insuffisant pour qualifier une situation de dépendance. L’addiction correspond à un diagnostic médical spécifique, défini par l’OMS grâce à 3 critères :
• L'impossibilité répétée de contrôler un comportement.
• La poursuite de ce comportement en dépit de la connaissance de ses conséquences négatives.
• Ce comportement vise à produire du plaisir ou à écarter une sensation de malaise interne.
Si personne ne remet en doute la nature addictive de l’alcool, du tabac ou de certains médicaments, cette problématique est plus délicate quand elle s’applique aux écrans. La cause de la dépendance se trouve moins dans l’objet écran (le smartphone, l’ordinateur…) que dans les comportements liés à celui-ci. Ainsi, il y a plusieurs façons d’être accro aux écrans. Il peut s’agir d’une dépendance aux réseaux sociaux et aux relations interdépendantes qui y sont centrales, une dépendance à la cybersexualité (par le visionnage abondant de films pornographiques), une dépendance aux jeux en lignes, etc.
Quels sont les signes de l’addiction aux écrans ?
Aucun enfant ne vous dira qu’il est accro aux écrans, lui-même n’en ayant bien souvent pas conscience. C’est aux parents de surveiller les signes pouvant traduire un début d’addiction. Ces signes sont divers et peuvent varier selon l’enfant. Si certains signes apparaissent, n’en concluez pas aussitôt que votre enfant est dépendant, mais cela signifie peut-être qu’il est temps de faire le point sur ses usages des écrans et d’évaluer avec lui les bons et les mauvais côtés de sa pratique.
Les signes sont multiples :
• L’enfant n’arrive pas à limiter ou évaluer son temps passé devant l’écran et juge que ce temps n’est pas si important.
• Il délaisse la vie réelle, s’isole et préfère les interactions ou activités virtuelles. Il présente peu d’intérêt pour toutes autres activités que l’écran.
• On observe des changements dans sa forme et son humeur, il est fatigué et irritable au quotidien.
• Il peut devenir agressif lorsqu’on lui enlève l’écran et ne comprend pas les limites qu’on lui demande de respecter.
• L’enfant est agité et dissipé en classe, sa motivation et ses résultats baissent.
Comment réagir face à cette situation ?
Penser qu'interdire tous les écrans à votre enfant réglerait le problème est une erreur. Cela serait vécu comme une privation, générant de la frustration et de l'incompréhension, sans l’amener à remettre en cause son utilisation de l'écran. Le plus important est plutôt d’ouvrir un dialogue, puis de limiter progressivement la place des écrans dans sa vie.
De façon concrète, voici quelques règles que vous pouvez mettre en place :
• Définissez des zones et des temps sans écrans dans la maison : des pièces où aucun écran ne doit rentrer (comme la cuisine ou la chambre) et des moments de la journée où les écrans ne sont pas permis (durant les repas, avant de dormir ou juste après s’être levé). Il est important d’en parler avec l’enfant afin de définir ces zones et temps, qui seront ensuite à respecter pour tous les membres de la famille (y compris les parents).
• Sur les smartphones, tablettes ou autres écrans portables susceptibles d’accompagner votre enfant toute la journée, désactivez les notifications des applications, et mettez l’appareil en mode silencieux. Cela afin d’éviter la tentation d’aller vérifier à chaque vibration du téléphone qui vient de nous envoyer un message sur un réseau social.
• Définissez clairement les limites de temps d’écran. Si la règle de la maison dit que l’enfant ne peut jouer à son jeu vidéo qu’une demi-heure, alors rappelez-lui cela lorsqu’il commence à jouer. N’hésitez pas à le prévenir 5 minutes avant la fin du temps permis, afin qu’il se prépare à quitter son jeu (cela fonctionne également pour les réseaux sociaux, les plateformes de vidéos, etc).
• Évitez de laisser des écrans constamment allumés dans les parties communes de la maison (par exemple, une télévision qui reste allumée dans un coin de la pièce sans que personne ne la regarde). L’écran doit correspondre à une plage horaire définie et n’est pas un accompagnement constant.
L’ESSENTIEL :
• Le temps d’écran n’est pas le seul facteur à prendre en compte pour parler d’addiction aux écrans.
• Si vous jugez que votre enfant est accro aux écrans, ne réagissez pas en le privant de les utiliser. L’objectif est qu’il entretienne une bonne relation à l’écran et pas une absence de relation avec l’écran. • Définissez des règles avec lui, qui seront appliquées par toute la famille.
• Diminuez la place de l’écran dans le quotidien de l’enfant : désactivez les notifications, interdisez l’écran à des moments ou dans certains lieux, ne laissez pas les écrans allumés en permanence.