10 Janvier 2023
À mesure que l’accès au numérique devient de plus en plus simple pour les enfants et adolescents, il devient impératif d’établir des règles afin de les protéger des contenus choquants laissés en libre accès sur internet. L’exposition à des images et vidéos violentes, pornographiques ou autres peuvent avoir des conséquences graves pour le bon développement de l'enfant ou de l’adolescent. Voici 4 règles essentielles pour l'en protéger.
Ne pas faire entrer l’écran dans la chambre
Télévisions, ordinateurs, smartphones ou tablettes… il est préférable de limiter l’usage des écrans aux parties communes de la maison. Cela permet de pouvoir garder un œil sur ce que regarde l’enfant, car même si un accord à été passé verbalement avec lui (comme ne pas discuter avec des inconnus, éviter tel ou tel site…), il n’est pas à l’abri de se retrouver accidentellement face à une image choc en ligne. En effet, Internet est vaste et il est facile de tomber sur des contenus que l’on ne souhaitait pas voir à la base. Pour l’enfant, privilégiez l’usage des écrans accompagné d’un adulte. Avant 11 ans, la chambre doit rester une « zone sans écrans », ce qui aura également un impact sur la qualité de son sommeil, dont on sait aujourd’hui qu’elle peut-être grandement diminuée par l’usage des écrans avant de s’endormir.
« Avec l’écran dans la chambre, le parent perd le contrôle sur ce que regarde l’enfant. » Sabine Duflo, psychologue clinicienne
Être attentif aux signalétiques d’âges
La signalétique jeunesse du CSA pour la télévision impose aujourd’hui aux chaînes de télévision la présence d’une pastille au bas de l’écran afin d’avertir à quelle tranche d’âge le programme est déconseillé : -10, -12, -16 ou -18. Les contenus violents ou inadaptés imposent une grande charge émotionnelle à l’enfant, et la présence du parent n’a pas pour effet de diminuer cette charge. D’autre part, le CSA recommande de ne pas laisser les enfants de moins de 8 ans regarder le journal télévisé, pouvant parfois présenter des éléments angoissants pour eux. Pour le jeu vidéo, il existe la signalétique européenne PEGI classant chaque jeu entre 5 catégories allant de 3 à 18 ans, et en ajoutant des catégories précisant la nature du contenu : langage grossier, scène de violence, nudité. Cette signalétique est obligatoire en France pour tous les jeux vidéo, y compris ceux sur smartphone ou tablette, et le pictogramme PEGI se trouve sur la boîte du jeu ou dans la description de la page de téléchargement du jeu.
« Expliquez la signalétique jeunesse à votre enfant et pourquoi il est important de la respecter. »
Mettre en place un contrôle parental
Le meilleur contrôle parental restera toujours de s’intéresser à ce que son enfant regarde, aux jeux auxquels il joue, et discuter avec lui des dangers qu’il peut y avoir en ligne, afin de diminuer les risques de le voir confronter accidentellement à un site malveillant.
Pour vous aider, il existe des outils de contrôle numérique, applications ou logiciels qui filtrent à l’avance les contenus sensibles et les bloquent avant que l'enfant n’y soit confronté, via un système de liste noire. Étant devenu une problématique fréquente, la plupart des fournisseurs d’accès internet proposent désormais leurs propres logiciels de contrôle parental.
> Orange
> SFR
> Bouygues
> Free
« Malgré tout, les logiciels de contrôle parental ne restent que des outils et ne remplacent pas le dialogue et les précautions. »
En parler avec votre enfant
Le dialogue permet à l’enfant de comprendre la raison et l’importance des règles qu’il faut respecter lorsque l’on navigue sur internet. En effet, beaucoup d’enfants n’ont pas conscience de ces risques. Il est important d’être vigilant et de prendre les devants pour avertir l’enfant des dangers : sur Internet, on peut tomber sur des images truquées, hors de leur contexte, violentes ou encore pornographiques.
À l’adolescence notamment, les questionnements sur l’identité et la sexualité sont au cœur des pensées des jeunes, et Internet peut sembler être un outil de réponse à ces questions (questions dont l’adolescent a parfois honte et qu’il n’abordera pas de lui-même avec vous). Face à une image choc, souvent, les enfants n’ont pas le réflexe d’en parler de peur d’être moqués, qu’on leur fasse la morale ou qu’on les prive d’écrans. De ce fait, il est important de désamorcer les contenus choquants sur lesquels ils pourraient tomber, en les évoquant avec eux :
• Précisez que la violence banalisée n’est pas quelque chose de normal.
• Il est important qu’il comprenne que ce que l’on voit sur internet, ce n’est pas toujours la réalité. Laissez votre enfant poser les questions qu’il souhaite.
• Vous pouvez parler de sexualité en général, sans évoquer la vôtre précisément : par exemple le fait que la pornographie ne représente pas la réalité, et que la sexualité est avant tout dans l’intimité de chacun, que ce n’est pas un concours.
Dans le cas où votre enfant a déjà été confronté à une image qui l’a heurté, il est important d’en parler avec lui pour l’aider à surmonter le choc. Que cela soit dû au hasard ou à sa curiosité, il est important de ne pas le blâmer : rappelez-lui plutôt qu’il n’y a pas de honte à être choqué, que vous aussi pouvez trouver cela choquant. S’il s’agit d’un film ou d’un jeu vidéo, expliquez qu’il ne s’agit pas de la réalité, et encouragez votre enfant à mettre des mots sur ce qu’il a vu et sur ses émotions. Si votre enfant voit que vous vous intéressez à ce qu’il ressent sans le juger ni le punir, il sera davantage apte à partager ce qui l’a choqué, ce qui aura pour effet de minimiser l’impact que ce contenu a pu avoir sur lui.
« 62% des jeunes ont déjà vu leur première image pornographique avant d’entrer au lycée. Soit avant 15 ans. » (Opinion Way/20 Minutes, April 2018).
L’ESSENTIEL :
• Le parent doit garder un lien avec ce que fait son enfant sur l’écran, en parler avec lui afin de mieux l’informer et le protéger des images chocs.
• Un écran dans la chambre, c’est augmenter les risques que l’enfant se retrouve confronté seul à des contenus choquants.
• Un logiciel de contrôle parental est une bonne protection, mais est loin d’être infaillible.
• Il est primordial de proposer une écoute bienveillante à l’enfant pour l’aider à surmonter son choc.