13 Décembre 2022
Impossible aujourd’hui d’ignorer les phénomènes de cyber-harcèlement. Avec près d’un jeune sur quatre ayant déjà été victime d'insultes sur internet (d’après un sondage Ipsos 2015), les violences numériques s'immiscent jusque dans la sphère privée et familiale, de plus en plus tôt et de plus en plus souvent. Ainsi, il est naturel de voir certaines questions revenir fréquemment : comment réagir face à une situation de cyber-harcèlement impliquant mon enfant ? À quel âge lui en parler, et quels mots utiliser ? Comment le protéger sur un espace numérique que je ne maîtrise pas ? Voici quelques éléments de réponse à ces questions.
Quelles sont les causes du cyber-harcèlement ?
Pour comprendre les phénomènes de cyber-harcèlement chez les jeunes, il est important de réaliser tout d’abord l’importance de la vie numérique pour un adolescent. On parle aujourd’hui d’hyper-connectivité, un terme soulignant la place prépondérante des réseaux sociaux et des nouvelles technologies. Ils font partie intégrante de la vie sociale des jeunes. Cette réalité virtuelle est aujourd’hui indissociable du quotidien de nombreux adolescents, et parfois même des plus jeunes encore. L’hyper-connectivité peut notamment s’expliquer par (et justifier) la perception souvent floue de la frontière séparant vie publique et vie privée, amplifiée par une ignorance des paramètres de confidentialité sur les réseaux sociaux. Ils sont souvent utilisés comme des journaux intimes, avec partage de confidences et photos privées.
Ainsi, les réseaux sociaux ont donné naissance à un nouveau type de harcèlement ayant ses propres spécificités, développé notamment par le sentiment d’anonymat que procurent les réseaux et qui accentue la violence des propos, la connexion constante par internet qui ne limite plus le harcèlement aux cours d’écoles, ou encore l’effet « cockpit », signifiant la distance avec laquelle un jeune peut en insulter un autre sur internet, sans avoir l’impression de participer à un harcèlement.
N’attendez pas pour en parler !
La détection d'une situation de cyber-harcèlement n’est parfois pas aisée et il est important de proposer des moments d’échanges avec l’enfant sur ce sujet afin de libérer sa parole. Il ne doit pas avoir peur ou honte d’en parler avec un adulte, et cela qu’il soit harcelé, auteur de harcèlement ou témoin. Trouvez des moments prétextes pour aborder le sujet avec lui, comme un spot de prévention ou une publicité à la télévision. Sinon, n’hésitez pas à questionner occasionnellement votre enfant sur l’ambiance dans sa classe, les amis qu’il côtoie, etc. Restez attentifs aux signes : chute des résultats scolaires, état de stress ou crises de nerfs répétées, recours à la violence verbale ou physique pour se sortir de situations inconfortables pour lui…
Mon enfant est cyber-harcelé, comment réagir ?
Il n’est pas rare qu'un parent puisse se sentir dépassé par l’utilisation des réseaux sociaux de son enfant. Dans ce cadre, difficile de savoir comment réagir à une situation de cyber-harcèlement.
Les comportements à privilégier :
. Écouter son enfant, le rassurer sur le fait que cela ne va pas continuer ainsi, l’accompagner. Un enfant cyber-harcelé peut ressentir de la honte et perdre confiance en lui. Il est primordial de faire comprendre au jeune qu’il peut se confier. Beaucoup de jeunes en situation de harcèlement ne se confient pas par peur de ne pas être cru, par crainte de représailles ou de moqueries : rassurez-les à ces sujets.
. Favoriser la déconnexion de l’enfant à ses réseaux lorsqu’il est à la maison. Vous pouvez instaurer des « temps sans écrans », notamment durant les repas ou au moins 1h30 avant d’aller dormir, ou encore mettre en place des « zones sans écrans » dans la maison. Il est préférable de réserver l’utilisation de l’écran aux parties communes de la maison, de manière à pouvoir garder un œil sur l’utilisation qu’a votre enfant de ces outils. Avant 9 ans, l’écran dans la chambre est à bannir.
. En parler est indispensable : échangez avec les équipes éducatives, services de médiation scolaire, CPE, etc. La majorité des phénomènes de cyber-harcèlement concernent des enfants d’un même établissement scolaire ; vous pouvez alors prendre contact avec les responsables éducatifs de cet établissement, sans pour autant les tenir pour responsables de la situation.
. Mesurer avec l’enfant l’importance de signaler les contenus participant au cyber-harcèlement. Tous les réseaux sociaux proposent des outils de signalement des messages indésirables. Il est également possible de bloquer les comptes d’autres utilisateurs, qui ne pourront alors plus interagir avec le compte de votre enfant. Accompagnez-le dans les démarches. Le site du gouvernement propose également une plateforme permettant de signaler les contenus qui participent au cyber-harcèlement (ou tout autre contenu illicite en ligne).
Que faire si mon enfant est auteur ou témoin de cyber-harcèlement ?
Le cyber-harcèlement est une relation triangulaire, qui s’articule toujours autour de trois rôles : la personne harcelée, qui reçoit les violences, l’auteur qui les perpétue, et enfin le témoin de la situation. La position du témoin est parfois floue, pouvant aller de l’observateur lointain et occasionnel à l’ami proche et concerné, mais qui reste muet par peur de lui-même plonger dans une situation de harcèlement.
• Comment réagir si mon enfant est témoin de cyber-harcèlement ?
Généralement, les jeunes remarquent plus rapidement les situations de harcèlement que les adultes, puisqu’il s’agit de leurs camarades. La bonne réaction est d’en parler à un adulte (ce qu’ils ne font pas toujours par peur de représailles) et de signaler les messages. Un nombre suffisant de signalements sur un message peut résulter en une vérification de la publication par l’autorité de modération du réseau social. Si le message est effectivement violent ou participe à un harcèlement, celui-ci sera supprimé. Chaque réseau propose une plateforme pour signaler des contenus :
> TikTok
> Snapchat
> Instagram
• Comment réagir si mon enfant est auteur de cyber-harcèlement ?
Si votre enfant est auteur de harcèlement, il est important de comprendre ce qui le pousse à se comporter ainsi. Parlez-en avec lui afin de comprendre son comportement : cela peut être par exemple une conséquence d'un cyber-harcèlement qu’il aurait lui-même subi, d’un manque de confiance en soi, etc. Attention à ne pas diaboliser l’enfant auteur de harcèlement, privilégiez la discussion à la punition, en lui rappelant les conséquences de ses actes.
L’ESSENTIEL :
• Un jeune sur quatre a déjà été victime de harcèlement : il est important de ne pas ignorer le phénomène auprès de votre enfant.
• Proposez des moments d’échanges à votre enfant pour créer un cadre de libération de sa parole s’il est un jour confronté à une situation de cyber-harcèlement, en tant que harcelé, auteur ou témoin.
• Si votre enfant est cyber-harcelé, parlez-en avec lui, écoutez-le, aidez-le à formuler ce qu’il ressent. À la maison, favorisez au maximum les moments sans écrans pour préserver cet espace de déconnexion. Signalez et bloquez avec lui les comptes d’utilisateurs participant au cyber-harcèlement, et parlez-en à l’équipe éducative.